mardi 2 septembre 2014

Pourquoi Israël perd les guerres militaires et médiatiques

par Daniel Greenfield

À intervalles réguliers, des hommes politiques désorientés et autres responsables dépassés organisent des conférences afin d’essayer de comprendre pourquoi la Hasbara ne réussit pas et pourquoi Israël ne parvient pas à faire entendre son point de vue. Comme toujours, on leur suggère de recourir davantage aux cabinets de conseil en relations publiques, de trouver des manières innovantes de faire passer leur message, d’utiliser l’Internet de façon plus astucieuse et, bien sûr, cette éternelle tarte à la crème : présenter une nouvelle image d’Israël. Naturellement, ils suivent ce conseil, mais avec pour seul résultat d’organiser une nouvelle conférence un an plus tard, afin d’essayer de comprendre pourquoi rien n’a changé.

La réponse est assez simple. Une opération de relations publiques pour se défendre, c’est comme une guerre défensive, ce n’est jamais efficace. Or, dans les relations publiques comme sur le champ de bataille, cela fait maintenant plusieurs décennies que les Israéliens sont sur la défensive. Résumé en une seule phrase, le message d’Israël donne ceci : « Nous n’avons rien fait de ce dont on nous accuse ». C’est le genre de message qu’on s’attend à entendre dans la bouche des accusés lors d’un procès pénal, et c’est le genre de message qui n’impressionne personne. Son seul effet est de susciter un débat sur la validité des accusations mêmes, soit l’équivalent, en termes de relations publiques, de ce qu’a été Stalingrad pour le front russe.

La récente affaire Aftonbladet [1] est l’exemple même d’un scénario démontrant que la stratégie défensive d’Israël en matière de relations publiques est vouée à l’échec, encore et toujours. Le tabloïd suédois Aftonbladet a publié un article prétendant que des soldats israéliens tuaient des Arabes palestiniens pour leur prendre leurs organes. Le gouvernement israélien a déclaré que cet article ne présentait aucune preuve, que rien de tel ne s’était jamais produit, et il a exigé un démenti du journal et sa condamnation par le gouvernement suédois. Le seul résultat qu’Israël ait obtenu a été de faire connaître au monde cette fausse allégation et de susciter ainsi un débat sur le point de savoir si les soldats israéliens tuaient ou non des Arabes palestiniens pour s’emparer de leurs organes. Il ne restait plus à l’auteur de l’article, ravi de sa notoriété toute fraîche, qu’à aller plus loin encore dans ses allégations [2] et à entreprendre une tournée dans le monde arabe. Quant aux propagandistes gauchistes, ils ne peuvent que rire de la tournure prise par les événements car, une fois de plus, Israël s’est fait pigeonner en entrant dans le jeu, perdu d’avance, qui consiste à s’expliquer publiquement en position défensive.

Toute guerre défensive est une réaction passive. Depuis vingt ou trente ans, Israël s’épuise à ne faire que réagir. Par réagir, je veux dire qu’Israël continue l’offensive. Durant la guerre des Six-Jours, Israël avait réagi au plan d’attaque de Nasser en le devançant et en passant à l’offensive. Résultat : Israël a connu son heure de gloire. Lors de la guerre du Kippour, Israël a attendu passivement, et il a failli être détruit.

Peu de pays peuvent se permettre de se limiter à réagir et à se défendre, et Israël moins que tout autre, car il est dépassé en nombre par des ennemis plus grands et plus nombreux qui peuvent l’avoir à l’usure en recourant simplement à la force brute. Et c’est exactement ce qui se passe, aussi bien dans les médias que sur le champ de bataille. La campagne de terrorisme planifiée, financée et menée d’abord par l’URSS, puis par le monde arabo-musulman, a laminé Israël, militairement et politiquement.

Les plus grandes ressources d’Israël étaient sa capacité d’innovation, sa mobilité et son génie, des qualités exploitables surtout dans une offensive. Mais Israël est resté sur la défensive, ne cessant de battre en retraite, d’abandonner le territoire physique et idéologique à ses ennemis, tout en se demandant combien il devait céder encore pour arrêter l’hémorragie, ce qui est précisément le type de réaction qui ne peut que l’acculer encore davantage à la défensive.

Israël veut une solution au conflit. C’est aussi ce que veulent ses ennemis, tant dans le monde musulman qu’à gauche et à l’extrême droite. Une solution finale. Chaque tentative d’Israël de proposer une solution n’a abouti qu’à le rapprocher de cette solution finale. Plus Israël a voulu montrer sa bonne volonté, plus il s’est trouvé acculé à la défensive. L’objectif des gouvernements israéliens successifs n’est plus d’être une grande nation ni une nation forte, mais d’être une nation qui plaise à tout le monde.

Le problème, c’est que « tout le monde », c’est un milliard de musulmans et un nombre important de gauchistes qui considèrent l’existence même d’Israël comme une offense à leurs convictions profondes. Et puis, il y a les intérêts commerciaux des Occidentaux, qui croient que les Arabes seraient bien plus aimables avec eux s’il n’y avait pas Israël au milieu. Et la Russie, qui entretient des guerres au Moyen-Orient comme un jardinier entretient ses fleurs. Enfin, il y a le reste du monde, qui n’est pas trop porté à embrasser la cause de perdants qui ne cessent de s’excuser d’exister et coupent leur pays en morceaux pour gagner la faveur des terroristes qui tentent de les faire disparaître de la surface de la terre.

Pour résumer le problème en termes simples, plus Israël se met sur la défensive, plus il s’affaiblit, non seulement sur le plan militaire, mais aussi sur le plan politique. Les conflits de réaction sont extrêmement épuisants. Ils obligent à veiller constamment à l’éventualité d’attaques, puis à s’efforcer de les contrer. Dans ce genre de scénario, l’avantage est toujours à l’attaquant, qui dispose de plus de temps pour préparer son offensive et de plus d’espace pour se retirer en cas d’échec.

Frapper et disparaître dans le désert, puis frapper à nouveau, telle était la stratégie classique de pillage des brigands arabes, parmi lesquels un charmant coupeur de têtes nommé Mahomet. Au temps du Mandat britannique, le général anglais Orde Wingate, qui devait jouer un grand rôle dans l’élaboration de la doctrine des futures forces de défense israéliennes, répondait à ces attaques en allant combattre l’ennemi avec de petites unités mobiles et rapides, afin de garder l’initiative de l’offensive.

Le passage suivant, tiré du site officiel consacré à Wingate, explique cela très bien :

Bien qu’impressionné par le dévouement et l’esprit de sacrifice qui régnaient au sein de la Haganah, Wingate était exaspéré par le caractère défensif des forces juives. Il se rendait compte qu’elles ne pourraient pas stopper la violence avec leurs tactiques défensives et leurs fortifications. Par sa politique de modération, la Haganah abandonnait l’initiative et la mobilité aux combattants arabes.

Les Britanniques essayaient de compenser cela par une défense active avec des opérations mobiles de ratissage et de frappe, et le maintien d’importantes positions statiques pour conserver un contrôle gouvernemental efficace. Des colonnes mobiles et des patrouilles étaient envoyées pour traquer les rebelles partout où ils se terraient. Les mouvements et les actions des Britanniques sont cependant devenus répétitifs et réguliers. Avec un ennemi souvent impossible à distinguer de sa base de civils et des troupes souvent stationnées près des zones arabes peuplées de civils, « il était difficile de garder secrètes des opérations menées dans un milieu largement hostile, si bien que l’élément de surprise était perdu ; en même temps, obtenir une information fiable sur l’ennemi était difficilement possible. »

À propos d’une importante intervention des forces britanniques, un responsable juif fit ce commentaire :

Ils franchissaient les collines et les vallées et apparaissaient finalement avec quelques pistolets turcs rouillés et quelques cartouches vides [...] Les bandits arabes n’avaient qu’à dissimuler leurs armes et se mêler à la population des villages. Non seulement la formidable armée britannique ne trouvait absolument rien, mais elle se discréditait et se ridiculisait aux yeux de toute la population.

En 1938, le général Archibald Wavell, commandant intérimaire des forces britanniques en Palestine, fut obligé de reconnaître que de telles actions, de même que les bombardements aériens, avaient seulement « un effet temporaire ».

Wingate envisageait de petites unités mobiles de volontaires triés sur le volet, qui combattraient de façon agressive et non conventionnelle :

Il n’existe qu’un moyen d’affronter cette situation : c’est de convaincre ces bandes qu’avec leurs raids crapuleux, ils ont toutes les chances de se retrouver face à une coalition étatique déterminée à les détruire, non par des échanges de coups de feu, tirés à distance, mais par un assaut physique avec des baïonnettes et des bombes.

La nouvelle unité devait porter la guerre chez l’ennemi, lui ôter l’initiative et le déstabiliser. Il s’agissait donc de créer dans leur esprit la conviction que les forces gouvernementales agiraient la nuit et sauraient les surprendre dans les villages ou dans la campagne.

Ce serait une force constituée de Britanniques et de Juifs agissant sous son commandement et se déplaçant principalement la nuit dans les zones de combats, forte des alliés de la nuit : la tromperie, la surprise, le choc.


Depuis, Israël a oublié les leçons de Wingate qui avaient permis à Tsahal de devenir cette force redoutable qu’elle était. Israël en est revenu aux fortifications et aux sentinelles... et au modèle des troupes d’assaut britanniques qui accomplissaient dans le désert des démonstrations de force aussi spectaculaires que totalement inutiles. Et cela est vrai non seulement d’Israël, mais également des États-Unis depuis 2004.

Avec des tactiques défensives, on ne peut pas gagner. On ne peut que perdre son sang. Et Israël perd cruellement son sang. Ce pays qui avait réussi Entebbé, qui était allé sauver des otages sur un autre continent, n’est même plus capable de sauver un seul de ses soldats retenu en captivité à l’intérieur de ses propres frontières. Ce pays, autrefois salué comme un symbole de résurrection, a été diabolisé dans le monde entier. Et le pire, dans tout cela, c’est qu’Israël est resté passif et a laissé faire.

Israël est trop petit pour pouvoir continuer de perdre son sang indéfiniment. Ses soldats et sa population n’en peuvent plus de devoir toujours être sur le qui-vive et attendre continuellement d’être attaqués. Ses citoyens et ses défenseurs dans le monde entier se lassent de devoir répondre à des accusations toujours plus grotesques. Cela ne peut pas durer éternellement. Les dirigeants israéliens l’ont compris, mais ils n’en ont pas tiré les bonnes leçons et ont décidé d’aller encore plus loin dans la défensive en négociant avec l’ennemi. Ils se sont trompés. Lourdement.

Pour survivre face à des ennemis plus grands que lui, un petit pays doit être prompt à l’attaque, il doit être craint, il doit jouer sur l’effet de surprise et cultiver sa réputation d’avoir des capacités surhumaines. Israël a été comme cela autrefois. Maintenant, il n’en reste plus rien. Mais s’il veut survivre, il faut qu’il retrouve toutes ces caractéristiques.

Le problème d’Israël, ce n’est pas le terrorisme mais la défensive. Israël possède la capacité de détruire toute organisation terroriste à l’intérieur de ses frontières en l’espace d’un mois. Israël n’a pas vraiment un problème de relations publiques. Son problème provient d’un conflit continuel avec des organisations terroristes qui ont de nombreux sympathisants à l’étranger. Qu’il détruise les organisations terroristes, qu’il reprenne le contrôle des territoires contestés, et ce problème de relations publiques ne sera plus qu’une fraction de ce qu’il était. Plus important : le problème perdra sa signification.

La guerre médiatique contre Israël, la guerre juridique et les diverses autres formes de guerre asymétrique nécessitent un investissement en ressources. Pour qu’il soit intéressant d’investir dans ces ressources, il faut que ce soit visiblement payant. Plus Israël reste sur la défensive, plus ses ennemis obtiennent des gains territoriaux et politiques, et plus ces tactiques semblent payantes. Inversons ce scénario, et ces ressources seront réinvesties ailleurs, faute de produire des résultats tangibles.

Il a été démontré que les techniques utilisées par Israël contre le terrorisme ne changeaient pas grand-chose à la manière dont il était diabolisé. Que les tanks israéliens fracassent l’enceinte d’Arafat, ou qu’Israël construise une clôture frontalière défensive et non-violente, il est toujours diabolisé de la même manière. Il en est ainsi parce que la diabolisation n’est pas une réponse morale à une politique particulière, mais un état d’hostilité permanent dirigé contre Israël pour soutenir les terroristes musulmans et marxistes. Le seul moyen de mettre fin à cette diabolisation consiste à supprimer sa motivation, c’est-à-dire à supprimer les terroristes.

Les accords d’Oslo n’ont nullement atténué la diabolisation d’Israël dans le monde. Au contraire, après une brève lune de miel, ils l’ont aggravée de façon significative. En effet, on se rapprochait du but recherché. C’est que plus Israël faisait de compromis, et plus sa position au plan international se détériorait. En faisant des compromis, Israël montrait sa faiblesse à ses ennemis comme à ses alliés, si bien qu’il encourageait les premiers et qu’il amenait les derniers à réévaluer sa capacité de survie. Plus Israël a été sur la défensive, plus le terrorisme et la diabolisation d’Israël sont devenus terribles. C’est tout à fait naturel. Quand on bat en retraite, le feu de l’ennemi n’en devient que plus nourri.

Pour beaucoup de Juifs, d’Israéliens et de sympathisants qui voient en Israël une nation luttant contre la terreur marxiste et islamiste, le problème semble impossible à résoudre. Politiquement et militairement, la situation est un nœud gordien, fait de complexités enchevêtrées. Il faudrait un Alexandre ou un Wingate pour trancher ce nœud. Les problèmes que rencontre Israël, sur le plan médiatique et sur le plan militaire, trouvent leur origine dans une stratégie défensive suite à laquelle le pays s’est retrouvé pris dans ce nœud gordien. Pour survivre, Israël doit reprendre l’offensive, trancher le nœud et assurer son propre salut, ou périr étouffé par ce nœud dans lequel ses ennemis l’ont enserré.

Daniel Greenfield

© 2009 Sultan Knish
© 2009 Marcoroz pour la traduction


Notes d’upjf.org :
[1] Sur ce  « blood libel » à la suédoise, voir : Donald Boström, « On vole nos fils pour prendre leurs organes » (http://www.upjf.org/detail.do?noArticle=17014&noCat=109&id_key=109) (25 août 2009) ; M. Macina, « L’ ‘aftonbladette’ comme Boström, recette pour criminaliser, à l’ancienne, les Israéliens » (http://www.upjf.org/detail.do?noArticle=17018&noCat=109&id_key=109) (même date).
[2] Voir : « Donald Boström récidive : ‘Le vol d'organes par l'armée israélienne dépasse les 1000’ » (http://www.upjf.org/detail.do?noArticle=17131&noCat=109&id_key=109).
Source : http://www.upjf.org/actualitees-upjf/article-17361-145-7-israel-perd-guerres-militaires-mediatiques-daniel-greenfield.html#

Israël, la corde au cou

Par Daniel Greenfield

On est en train de pendre Israël publiquement sur un gibet érigé par l’ONU, avec une corde joyeusement fournie par le monde musulman. Cependant, les bourreaux sont principalement les Occidentaux, qui croient encore que la mort d’une unique victime permettra d’apaiser la foule musulmane lyncheuse qui est sur le pas de leur porte.

Quand vous êtes sur le point d’être pendu, il y a trois choses que vous pouvez faire. Vous pouvez marcher fièrement, déclamer une ou deux paroles glorieuses afin que votre supplice soit inscrit dans la mémoire et dans l’Histoire, puis, vous laisser pendre. Les Juifs ont une longue expérience de ce genre de martyre.

Une autre possibilité est de plaider votre cause d’un bout à l’autre du chemin menant à la potence, affirmer qu’il y a erreur, que votre affaire n’a pas été jugée de façon correcte, supplier qu’on vous écoute et que l’on fasse quelque chose. Cette méthode aussi aboutit à la pendaison. Mais c’est là la pendaison d’un esclave, sans une once de dignité. Un homme qui meurt en suppliant ses assassins, et qui s’en remet à l’honnêteté de menteurs et d’hypocrites – dont les crimes sont tels, que les pires méfaits du condamné sont des vertus en comparaison –, un tel homme n’est qu’un misérable pleutre.

En réalité, quand on vous passe la corde au cou, il n’y a qu’une chose que vous puissiez faire : résister. Le principe du nœud coulant est qu’il vous serre le cou jusqu’à vous priver d’air, ou jusqu’à vous briser la nuque. En résistant au resserrement du nœud, il est possible de survivre. Au contraire, si vous respectez toute la procédure, si vous vous laissez lier les mains dans le dos et passer la corde au cou tout en gardant confiance dans le système, votre mort est inévitable.

Cela fait dix-sept ans qu’Israël marche vers la potence. Ses dirigeants l’y ont conduit à l’aide d’un anneau passé dans le nez, l’anneau des garanties internationales. Son peuple s’y est laissé mener en refusant de voir ce qui l’attendait, alors même qu’on nettoyait la chaussée du sang répandu. Chaque tentative de parvenir à une solution pacifique, chaque concession et chaque marque de bonne volonté ne faisaient que resserrer les liens autour de ses poignets et le nœud autour de son cou.

C’est que chacune des concessions qu’Israël a faites n’a eu pour résultat que de réduire non seulement sa capacité de se défendre, mais même sa capacité de faire des choses aussi élémentaires que construire des logements résidentiels dans la capitale de sa propre nation. Chaque geste qu’a fait Israël, chaque accord qu’il a signé, l’ont enfermé dans une situation toujours plus contraignante, et sans jamais amener la moindre paix. Le seul résultat a toujours été de placer la barre plus haut pour la série de concessions exigées par l’ennemi, par ses auxiliaires et par ses complices, lors de la prochaine phase des négociations.

Ce n’est pas un processus de paix, et ce n’en a jamais été un. C’est un lynchage public. C’est le lynchage d’un pays dont le seul crime réel est d’exister, son existence constituant une offense pour le fanatisme religieux et les préjugés d’un milliard de musulmans qui contrôlent une grande partie des ressources mondiales de pétrole, et dont les adeptes sont prêts à se déchaîner et à tuer dans les rues de pratiquement toutes les grandes villes du monde, à la plus légère offense.

Ce lynchage a commencé par un procès dans lequel l’assassin portait un beau costume tandis que sa victime était au banc des accusés, revêtue d’une combinaison orange [NdT – uniforme des condamnés]. Tous les jours que dura ce procès, l’assassin avait toute latitude de quitter le prétoire et de tuer à nouveau, et chaque soir, quand il y revenait, le juge et les jurés faisaient mine de ne pas voir ses mains sanglantes. Et si la victime osait attirer l’attention sur ces mains couvertes de sang, on la réduisait au silence en affirmant que ces crimes étaient aussi de sa faute. N’avait-elle pas provoqué l’assassin, ne l’avait-elle pas incité à les commettre ?

À présent, le procès se termine. La comédie se dénoue, et l’on voit que tout cela n’avait rien à voir avec la paix. De cela, nous pouvons remercier le Hamas et Obama. Au dernier round, les choses ne sont que trop évidentes. C’est la réparation de cette « erreur » par laquelle la plus ancienne et la plus persécutée des minorités du Moyen-Orient a pu soustraire un court moment son pays à la tyrannie des califes et des sultans, pour que ses membres, persécutés à l’est comme à l’ouest, au sud comme au nord, aient une patrie. Cette erreur.

Cette année même où le régime iranien viole et assassine les contestataires à la suite d’une élection volée ; cette année où la Chine et la Corée du Nord continuent de torturer et d’assassiner les opposants politiques ; cette année où l’Arabie Saoudite et Dubaï continuent à exploiter des esclaves asiatiques, et où Chavez, au Venezuela, continue de supprimer les médias indépendants et de faire incarcérer les opposants ; cette année où la Turquie continue de détenir des milliers de prisonniers politiques kurdes tout en occupant Chypre ; cette année où la Russie continue de démanteler la démocratie et d’assassiner les journalistes ; où le Soudan continue de perpétrer un génocide, et où le reste du monde émet des reproches, mais continue de vaquer à ses affaires habituelles : cette année, c’est Israël qui est le principal coupable, pour des actes aussi lâches que d’avoir peut-être assassiné un chef terroriste du Hamas à Dubaï, ou d’avoir intercepté une flottille qui apportait de l’aide et du renfort au Hamas. Tous les pays, y compris ceux de la liste qui précède, brandissent leurs condamnations et exigent qu’Israël rende des comptes. Des comptes pour quoi ? Pour avoir refusé de se laisser lyncher.

Chaque fois qu’Israël s’efforce d’être arrangeant, il ne fait que se rapprocher du gibet. Il permet que le nœud se resserre autour de son cou. Et chaque fois que cela se produit, il doit lutter plus durement encore pour pouvoir respirer. À la fin, si cela continue, il ne pourra plus respirer du tout. Il ne sera plus qu’une triste silhouette se balançant désespérément sous le vent chaud du désert, tandis que les cris « Itbah al-Yahoud » [NdT – Mort aux Juifs] retentiront parmi les décombres des villes et des jardins de Jérusalem, de Haïfa, de Tel-Aviv et d’Ariel.

Ce n’est pas en étant conciliant face à une foule de lyncheurs qu’Israël pourra survivre, mais seulement en ayant le courage de l’affronter. Quand une communauté internationale, sur l’injonction de la foule musulmane des lyncheurs, dicte les conditions de la survie d’Israël, il faut que celui-ci élargisse le champ en les faisant passer de l’autre côté. S’ils veulent reconnaître ces terroristes, tuons ces terroristes. S’ils veulent briser le blocus de Gaza, reprenons Gaza. S’ils veulent créer de façon unilatérale un État palestinien, annexons ces territoires. La conciliation, c’est le nœud coulant. L’affrontement, c’est la liberté de respirer. Chaque fois qu’Israël bat en retraite, on le condamne pour cela. Quand il progresse, il est aussi condamné, mais il étend sa liberté d’action.

Le monde entier condamnera toujours Israël, quelles que soient ses intentions. Cependant, comme toute forme d’insulte, ces condamnations ne font que prendre de l’ampleur quand Israël se laisse dicter ce qu’il doit faire. Israël est condamné non pas pour ce qu’il fait, mais en raison de la convergence de trois tendances maladives qui sont le fanatisme islamique, la gauche radicale et une attitude de dhimmi à l’échelon international. Un tel mouvement de haine ne peut pas être défait. Il ne peut qu’être ignoré.

Quand vous écoutez les menaces et les quolibets de ceux qui vous haïssent, vous leur permettez d’exercer un pouvoir sur vous. Si vous essayez d’adopter une attitude plus conciliante pour gagner leurs faveurs, cela ne peut qu’accroître leur haine débordante. En effet, ce qu’ils haïssent, ce n’est pas votre attitude, c’est vous. En leur montrant votre faiblesse, vous les invitez à vous attaquer. En donnant à vos ennemis du pouvoir sur vous, vous ne pouvez réussir qu’à les rendre impatients de profiter de votre vulnérabilité. En continuant de la sorte, vous vous condamnez à devenir un esclave ou un cadavre : un esclave s’ils voient une utilité à vous garder vivant, un cadavre dans le cas contraire. Dans un cas comme dans l’autre, vous mettez la tête dans le nœud coulant qu’ils vous ont préparé.

Israël ne peut pas continuer dans cette voie. Aucun pays ne pourrait le faire longtemps. Et cependant, c’est ce qu’il fait. Israël avance vers la potence tout en dénonçant une terrible erreur. Mais il n’y a pas d’erreur. Pas du tout. Les exécuteurs acquiescent aimablement et promettent de vérifier, tout en lui liant les mains dans le dos. C’est une comédie et tout le monde le sait, sauf le plus idiot des lyncheurs et sauf le condamné.

Cependant, comme le condamné qui refuse qu’on lui bande les yeux avant l’exécution, nous continuons de nous entendre dire que nous devons éviter de faire des remous. Allons-y tranquillement. Respirons profondément. Bientôt, tout cela sera fini. Si nous résistons, qu’est-ce que le monde va dire ? Ce qu’il est en train de dire, précisément. Que nous sommes les gêneurs, les trouble-fête à l’origine de tous les problèmes que connaissent les pays du Moyen-Orient, le ver dans la ravissante pomme bien saine des dictatures du monde musulman.

Toutes les menaces qui ont pu voir le jour sont apparues lorsque Israël a fait des concessions, et non lorsqu’il a refusé d’en faire. À chaque fois qu’Israël a choisi la voie de la moralité, ses ennemis lui ont préparé des coups bas. Il est plus que temps de se réveiller et d’en tirer quelques leçons. La corde est tendue, et le pays suffoque. La dernière bouffée d’air, c’était Jérusalem. La prochaine, ce sera la Galilée. Et ensuite ? Combien de bouffées d’air pourrons-nous encore inspirer avant de succomber ?

Avant Oslo, Israël était menacé d’attaques terroristes s’il ne se soumettait pas. Il s’est soumis, et les attaques terroristes ont décuplé. Et s’il n’allait pas plus loin dans les négociations, il était menacé d’isolement au niveau international. Il a négocié et il a cédé, et il ne s’en est pas moins retrouvé isolé. Il a été menacé de boycotts, et il a cédé, et il y a quand même eu des boycotts. Aujourd’hui, la menace porte sur la reconnaissance unilatérale d’un État palestinien. Celle-ci sera suivie d’une solution sous forme d’un État unique, puis d’une intervention de la communauté internationale. La corde, la potence, tout est là. Qui peut encore croire que tout cela sera épargné à Israël s’il accorde à Abbas et à ses petits copains terroristes leur propre État officiel avec Jérusalem pour capitale ?

Jusqu’à présent, aucun compromis n’a été probant, ce qui signifie qu’aucun compromis ne le sera. Un processus dans lequel une des deux parties ne cesse de faire des compromis tandis que l’autre ne cesse de menacer et de prendre, ce n’est pas un processus mais un hold-up. Quand un homme vous menace avec une arme, vous pouvez croire qu’il est possible de le contenter. S’il recommence encore et encore, ce n’est plus une menace mais un processus. Israël est pris dans ce processus, ou plutôt, il en est le jouet. À la fin de ce processus, c’est la mort. Si vous ne portez votre attention que sur l’arme, et pas sur le processus, vous allez continuer de céder, jusqu’à ce que vous ayez cédé votre maison, votre femme et vos enfants, jusqu’à ce que votre vie soit le seul bien qui vous reste. Ensuite, ce seul bien, vous le perdrez aussi. C’est la nature du processus. Pour survivre, il faut voir non pas l’arme seulement, mais le processus dont elle fait partie.

L’expérience de ces derniers mois aurait dû servir enfin de leçon. Le triste constat est que, bien qu’Israël se soit retiré de Gaza, qu’il ait laissé le Hamas en prendre le contrôle et qu’il n’ait rien fait d’autre qu’empêcher le Hamas de disposer d’un libre accès depuis l’extérieur, le monde hurle comme si Israël avait semé la mort d’un bout à l’autre du pays, comme l’ont fait le Soudan, l’Iran et d’autres pays membres, ou anciennement membres de la Commission des droits de l’homme des Nations-unies. Voilà la justice. C’est un lynchage. Et comment réagit Netanyahou ? Comme pratiquement tous les autres dirigeants israéliens avant lui : il cède sur le blocus. Une petite concession pour calmer les lyncheurs. Ça va marcher, n’est-ce pas ? Non ?

Ce n’est plus de négociations qu’il s’agit. Ce n’est pas non plus de discuter sérieusement d’un État. C’est le monde entier qui s’élève comme une seule voix pour défendre les droits d’une organisation génocidaire financée par Mahmoud Ahmadinejad, et dont la charte dit ceci : « L’Heure [de la rédemption] ne viendra pas avant que les musulmans ne combattent les Juifs. Le Juif se cachera derrière les pierres et les arbres, qui diront : Ô Musulman, un Juif se cache derrière moi, viens le tuer. » Les faux-semblants, c’est fini. Ce n’est pas du tout de paix qu’il s’agit, mais de mort. Ce sont des lyncheurs. Certains sont là de leur propre initiative. D’autres pensent qu’ils n’ont pas le choix. Ils croient qu’une seule mise à mort leur vaudra la tolérance du Dar al-Islam.

Voilà à quoi ressemble un nœud coulant. Voilà le gibet. Les mains attachées, Israël perd sa capacité de se défendre. À mesure que le nœud se resserre, Israël meurt. Ce n’est qu’en résistant au nœud qu’il pourra survivre. Ce n’est qu’en luttant pour se délier les mains qu’il pourra résister. Capituler, c’est mourir. Et quand Israël sera mort, ses bourreaux seront les suivants sur la liste. En effet, le lynchage ne fait que commencer. La mort ne fait que stimuler l’appétit des lyncheurs. Le sang n’apaise pas leur fringale, il l’intensifie. Et si on ne les arrête pas, ils répandront le sang partout dans le monde. Mais le nœud serre déjà. Un peu d’air seulement passe encore. Avec cet air, qu’allons-nous faire ? Crier justice, ou lutter de toutes nos forces pour desserrer le nœud ? Pour l’instant, nous avons encore le choix. Quand le nœud aura fait son œuvre, il sera trop tard.

Daniel Greenfield

© 2010 – Sultan Knish (Daniel Greenfield).
© 2010 – Marcoroz pour la traduction.

Texte original : The Noose Around Israel’s Neck, 16 juin 2010. Mis en ligne le 17 juin 2010 par Menahem Macina sur le site http://www.france-israel.org/

Quand National Geographic se fait le relais d'une propagande anti-chrétienne, anti-américaine et anti-israélienne

par Phyllis Chesler



Article paru sur le site Pajamas Media le 18 mai 2009

Les menaçantes manifestations de rue contre Israël, les résolutions anti-israéliennes rageuses de l’ONU, les appels obsessionnels au boycott d’Israël dans les universités occidentales, la succession incessante des gros titres condamnant Israël dans les médias du monde entier font maintenant partie d’un train-train habituel auquel participent surtout les jeunes et les fanatiques. La plupart des citoyens y font à peine attention. Ils se préoccupent plutôt de leurs emplois, de leurs prestations sociales, des frais de scolarité de leurs enfants – ou bien de l’ascension et de la disgrâce des stars dont la vie décadente les distrait de leurs propres petites misères ordinaires.

Ce qui m’inquiète davantage, ce sont les spectacles qui influencent insidieusement et inexorablement l’opinion publique, les films qui présentent les dictateurs et les terroristes arabes sous des traits séduisants et qui diabolisent les soldats, les « colons » et les hommes politiques israéliens. Progressivement, de façon presque imperceptible, l’homme de la rue a ainsi fini par croire que le monde musulman est pacifique, accueillant et sûr, que ses aspects « rudes » s’expliquent par le fait qu’il s’agit de peuples ayant été opprimés par les Européens, que le terrorisme islamique a sans doute été provoqué par l’invasion de l’Afghanistan, de l’Irak et du Pakistan par les États-Unis, qu’une grande partie de tout cela est la faute d’Israël – ou plus exactement, que la plupart de ces problèmes pourraient être résolus aujourd’hui si seulement l’Amérique sacrifiait Israël au nom de la paix mondiale et de sa propre survie.

Prenons le fameux magazine National Geographic, qui fait la promotion de la protection de la planète et qui revendique près de huit millions de lecteurs. Par suite d’un abonnement cadeau, je le reçois régulièrement. Parfois je l’ouvre, souvent je ne l’ouvre pas. Tant de belles photos brillantes, si peu de temps. Mais le dernier numéro a attiré tout de suite mon attention, à cause du titre en couverture « L’Exode chrétien de la Terre Sainte ». Par exemple, me suis-je dit, ce magazine ami des animaux a « compris un truc » ! Un espoir s’éveillant en moi, je suis allée lire l’article intitulé « Les fidèles oubliés : les chrétiens arabes ».

Voici ce que dit cet article : pour l’essentiel, il rend les croisés, les chrétiens américains et Israël (!) responsables de la persécution et de la disparition des chrétiens arabes au Proche-Orient. Je n’aurais pas pu l’inventer. Les mensonges, les omissions, le parti-pris, tantôt insidieux tantôt manifestes, y sont stupéfiants. Par exemple, cet article, rédigé par Don Belt, n’explique pas pourquoi il y a eu des croisades – à savoir, pour empêcher que les Arabes chrétiens soient assassinés ou convertis de force par les musulmans. Toujours est-il que selon Belt, « l’ironie est que c’est pendant les croisades (1095-1291) que les chrétiens arabes, assassinés par les croisés en même temps que les musulmans et pris entre les tirs croisés de l’Islam et de l’Occident chrétien, ont commencé ce long et progressif déclin vers le statut de minorité. »

Là, il y a quelque chose qui ne va pas. Comment Belt en arrive-t-il à occulter la conquête arabo-musulmane d’un Orient chrétien et juif ? Selon l’éminente spécialiste Bat Ye’or, par exemple (citée par Andrew Bostom dans son excellent ouvrage The Legacy of Jihad),

« Abou Bakr entreprit l’invasion de la Syrie (Syro-Palestine) que Mohammed avait déjà envisagée [...] la région de Gaza tout entière, jusqu’à Césarée, fut mise à sac et dévastée durant la campagne de 634. Quatre mille paysans juifs, chrétiens et samaritains qui tentaient de défendre leurs terres furent massacrés. Les villages du Néguev furent pillés par Amr B. al As […] dans son sermon de Noël de l’an 634, le patriarche de Jérusalem, Sophronius, se plaignit de l’impossibilité de se rendre en pèlerinage à Bethlehem […] Sophronius, dans son sermon du jour de l’Épiphanie de l’an 636, déplora la destruction des églises et des monastères, le pillage des villes, les champs dévastés […] des milliers de gens périrent en 639, victimes de la famine provoquée par ces destructions. Selon le chroniqueur musulman Baladhuri (m. en 892 ap. J-C), 40 000 Juifs vivaient dans la seule ville de Césarée au temps de la conquête arabe, après laquelle toute trace d’eux fut perdue. »

Se fondant sur des sources savantes, Bostom raconte de façon méthodique et exhaustive le pillage systématique, par les musulmans arabes, de l’ensemble du Proche-Orient accompagné de l’asservissement et de l’assassinat des chrétiens et des Juifs. Ce que Don Belt oublie de mentionner, même de façon subsidiaire, c’est que la persécution des chrétiens par les musulmans arabes pendant plus de quatre siècles est précisément ce qui a entraîné les croisades.

Certes, certains califes se montrèrent parfois cléments envers leurs populations dhimmies ; un gouverneur égyptien accorda l’asile au grand savant et philosophe juif Maïmonide, lequel n’en fuyait pas moins les musulmans d’Espagne. Maïmonide devint son médecin particulier. Le Sultan turc accorda l’asile à Donna Gracia HaNasi, cette femme fabuleusement riche qui fuyait les persécutions perpétrées par les catholiques en Espagne et au Portugal. Mais pour l’essentiel, les Juifs menèrent une existence extrêmement misérable et précaire et ils furent régulièrement assassinés, emprisonnés et rançonnés ou exilés et virent leurs biens confisqués. La plus grande histoire de réfugiés du Proche-Orient, jamais racontée à ce jour, est celle des Juifs des pays arabes fuyant les persécutions dont ils étaient victimes de la part des musulman.

Aujourd’hui même [le 18 mai 2009], M. Naguib Gibraeel, président de l’Union égyptienne de l’Organisation des droits de l’Homme (EUHRO), a écrit à la première dame d’Égypte pour exiger une intervention d’urgence « afin de sauver les chrétiens d’Égypte de l’islamisation forcée ».

Mais continuons. Après avoir reproché aux croisés (!) d’avoir assassiné les Arabes chrétiens par mégarde, Belt poursuit en accusant l’Israël actuel (!) de persécuter les chrétiens. Sans jamais mentionner le fait que les terroristes palestiniens aient pris l’habitude de transformer les églises les plus sacrées en W.-C., d’y entreposer des armes et d’y séquestrer des otages, Belt cite un chrétien arabe de Bethléem attribuant la responsabilité de ses malheurs au « mur géant [israélien] » et à une bureaucratie israélienne lui interdisant de vivre avec sa femme, citoyenne israélienne, à Jérusalem.

Cela ressemble à l’apartheid en Afrique du Sud, non ? Ce qui est totalement occulté, c’est l’épouvantable réalité du terrorisme et des fabriques de propagande et d’incitation à la haine qui existent dans les villes et les villages de toute la Judée-Samarie – des villes et des villages qui sont entièrement « judenrein ». Les Juifs ne peuvent pas s’y rendre alors même qu’ils y ont des lieux saints et les chrétiens ne peuvent plus se rendre sans risque sur les leurs, ces lieux de culte étant sous domination musulmane. Ce n’est donc que pour des raisons de sécurité que les autorités israéliennes, si décriées, imposent des restrictions aux voyageurs. Ces restrictions n’ont rien à voir avec la couleur de peau ni avec la religion. Le gouvernement israélien a d’ailleurs laissé au Waqf islamique le contrôle total du Mont du Temple et du Dôme du Rocher à Jérusalem. Aucun gouvernement arabe ni palestinien n’a jamais laissé aux chrétiens ni aux juifs le contrôle total des lieux saints chrétiens et juifs. Au contraire, ils ont pillé et détruit ces lieux, ils ont parfois construit des mosquées par-dessus, ils ont interdit aux chrétiens et aux juifs de prier dans les ruines et dans les bâtiments laissés intacts, ou leur ont parfois permis d’y prier mais à leurs risques et périls.

Les autorités israéliennes privent-elles d’eau, réellement, un quartier arabe chrétien ? D’après mes sources, il n’existe même pas de quartier arabe chrétien à Jérusalem et l’eau n’y est jamais coupée pour être redirigée vers « les implantations » : qu’est-ce donc que cet appel au meurtre auquel Belt se livre ? Bien sûr, selon l’informateur de Belt, ces barbares d’Israéliens couperaient l’eau exprès le dimanche de Pâques dans un secteur non précisé afin que « Marc » (ce n’est pas son vrai nom, mais l’information qu’il donne n’est pas davantage vraie) ne puisse pas laver sa voiture avant d’emmener sa famille à l’église.

Après les croisés et les Israéliens, le troisième groupe que Belt rend responsable de la disparition des chrétiens arabes de la Terre Sainte, ce sont… les chrétiens américains ! Belt cite Razek Siriani, qui travaille pour le Conseil des Églises du Moyen-Orient à Alep, en Syrie.

Voici ce que déclare Siriani, (sous la contrainte, pourrais-je ajouter) :

« Nous sommes complètement dépassés et submergés de protestations, déclare-t-il. Les chrétiens occidentaux ont aggravé la situation », affirme-t-il, se faisant l’écho d’un sentiment exprimé par un bon nombre de chrétiens arabes. « C’est à cause de ce que les chrétiens en Occident, menés par les États-Unis, font en Orient », ajoute-t-il, dénonçant les guerres en Irak et en Afghanistan, le soutien américain à Israël et les menaces de « changement de régime » de l’administration Bush. « Pour beaucoup de musulmans, et surtout pour les radicaux, cela ressemble à une répétition des croisades partout, à une guerre contre l’islam menée par la chrétienté. Du fait que nous sommes chrétiens, ils nous voient aussi comme leur ennemi. Nous sommes coupables par association. »

Apparemment, aussi bien Don Belt que Razek Siriani semblent totalement ignorer que dans ces régions, le djihad, le génocide et l’apartheid religieux ont toujours été la spécialité de l’islam et la marque d’un impérialisme musulman caractérisé par l’esclavage, le vol et le pillage.

Belt trouve donc le moyen de condamner les croisés, puis les Israéliens, puis les chrétiens américains qui sont pro-israéliens et qui, de façon bien compréhensible, seraient considérés par les musulmans, gens tout à fait pacifiques et amicaux, comme les nouveaux croisés. Belt va plus loin. Il rend les chrétiens libanais, qui se sont défendus contre les gangsters et terroristes palestiniens, responsables de la recrudescence des attitudes antichrétiennes dans le monde musulman. Il présente les chrétiens libanais comme de dangereux hommes en armes, or on ne voit aucune photo des hommes du Hezbollah et de l’OLP, bien mieux armés encore et ô combien plus dangereux, qui ont terrorisé le Liban et qui l’ont occupé.

Belt va plus loin encore : il nous montre une foule de fidèles chrétiens rassemblés le dimanche de Pâques à Jérusalem, à l’Église de Toutes les Nations, près du jardin de Gethsémani, en train de piétiner quasiment Nadia, une mère chrétienne arabe israélienne (la femme de « Marc ») et son bébé dans sa poussette, comme des barbares. Ces pèlerins étrangers (venus d’Europe, des États-Unis, d’Amérique du Sud et d’Afrique) n’ont tout simplement pas vu qu’il y avait un bébé dans une poussette et ils se sont mis à se pousser avec acharnement vers ce qu’ils croyaient être un espace laissé vacant. Quand Nadia a tenté de se sortir de là, ces mêmes affreux chrétiens « n’ont pas su réagir en voyant cette frêle femme arabe se diriger dans la mauvaise direction […] » Nadia s’exclame : « Vous voyez comment c’est ? […] c’est chez nous. Et c’est comme si nous n’existions même pas. »

Est-ce que ni Belt ni Nadia n’ont jamais entendu parler de la façon dont les pèlerins musulmans piétinent à mort leurs semblables quand ils tournent autour de la Kaaba, à la Mecque ? Pourquoi ce quasi piétinement impliquerait-il un complot chrétien ou israélien ?

Quels sont les seuls à ne pas être « accusés » ni rendus responsables, ou si peu, de la persécution des chrétiens hier et aujourd’hui, une persécution ayant provoqué une diminution considérable du nombre de chrétiens au Moyen-Orient ?

Les musulmans, bien sûr, qui selon Belt auraient toujours vécu en paix avec les chrétiens et les juifs au Moyen-Orient. Belt nous montre même des scènes touchantes de musulmans priant sur des lieux de pèlerinage chrétiens pour que se produisent des miracles. En Syrie, Belt cite une mère, Miriam, dont la famille « était chrétienne » (on se demande pourquoi ils se sont convertis) et qui, aujourd’hui, déclare : « Je crois en les prophètes : musulmans, juifs et chrétiens. Je crois en Marie, je suis venue ici pour que mon fils guérisse. » Belt présente les conversions forcées à l’islam comme des choix anodins et libres, pour des raisons en partie économiques et souvent « pour avoir un lien plus personnel avec Dieu » par opposition à un lien possible uniquement via une médiation en raison des « hiérarchies oppressives de l’Église byzantine. »

Le magazine National Geographic serait-il passé sous la dépendance juridique ou financière de l’Arabie saoudite ou de l’Iran ? Je me pose cette question parce que, de façon frappante, sa ligne politique en ce qui concerne le Moyen-Orient semble similaire à celle de ces deux régimes.

Alors, vais-je adresser un courrier de protestation à National Geographic ? Non, car CAMERA (Committee for Accuracy in Middle East Reporting in America) s’en charge depuis 1996. Je ne le savais pas, mais ayant lu l’article de Belt, j’ai commencé à rechercher les articles que National Geographic avait déjà publiés sur le Moyen-Orient. J’ai ainsi appris que CAMERA avait analysé les partis-pris de ce magazine et avait déjà demandé à ses responsables de reconnaître que leurs travaux étaient incorrects, faux, très tendancieux et carrément bourrés de mensonges. CAMERA leur a indiqué les articles et les passages en question, et à chaque fois, ils ont maintenu leur version des faits et ont refusé d’y apporter le moindre changement, de se remettre un tant soit peu en question, de s’excuser et d’écrire des articles ne comportant pas un parti-pris anti-israélien flagrant.

Toutefois, j’espère que mes lecteurs, avant de renoncer à leur abonnement, écriront au magazine pour protester contre ces appels au meurtre et contre cet article incroyablement anti-américain, antichrétien et anti-israélien de Belt.

Un courrier peut être envoyé à l’adresse suivante :

Chris Johns, Editor in Chief, National Geographic, 711 5th Ave. New York, NY 10022, États-Unis
ngsforum@ngm.com

Phyllis Chesler est professeur émérite en Psychologie, en Etudes Féminines et en Psychothérapie à la City University of New York, expert près les tribunaux et auteur d'une douzaine d'ouvrages dont le best-seller mondial Les femmes et la folie (Payot, 1975, rééd. 2006) et Le nouvel antisémitisme (Eska, 2005).

Avec l'aimable autorisation de l'auteur


© 2009 - Phyllis Chesler
© 2009 - Marcoroz pour la traduction

Le meurtre non-violent des Juifs

par Daniel Greenfield

Qu’il n’y ait pas de malentendu. C’est d’un génocide qu’il est question. C’est de cela qu’il a toujours été question, depuis plusieurs générations, depuis le temps où Hassan al Banna, l’ancêtre du Hamas, adressait à Hitler des lettres enthousiastes.

« L’Heure [du jugement] ne viendra pas avant que les musulmans ne combattent les Juifs. Le Juif se cachera derrière les pierres et les arbres, qui diront : Ô Musulman, un Juif se cache derrière moi, viens le tuer. » - Hadith, Vol. 4, Livre 52, N°177 (Al Bukhari), cité dans la Charte du Hamas

Le Hamas, c’est cela même, résumé en un paragraphe. C’est là son objet. Et c’est de cela, en réalité, que quiconque parle de « la population de Gaza » se fait le complice. La « population de Gaza » est un euphémisme pour désigner le Hamas qui a gagné les dernières élections organisées au sein de l’Autorité palestinienne et qui règne à Gaza avec le soutien de la population. À cette prise de pouvoir par un groupe terroriste génocidaire, Israël a répondu en fermant sa frontière avec Gaza. De façon cynique, le Hamas a réagi par le mensonge, il a prétendu être sans électricité et a fait croire à une famine. C’est ce qui a permis à ses partisans de tenter de faire passer leur militantisme pro-Hamas pour une action humanitaire.

Ceux qui organisent une vraie action humanitaire, dans un conflit provoquant la mort de civils des deux côtés, ne manifestent pas leur sympathie à un seul camp. Ils ne s’équipent pas d’armes à feu ni d’armes blanches pour effectuer une mission humanitaire, et ils ne crient pas des slogans appelant au meurtre des Juifs en s’identifiant à « l’armée de Mahomet ». Or, c’est bien ce qu’a fait cette meute d’assassins islamistes et racistes tout en s’abritant derrière ses idiots utiles occidentaux. Quant à ces idiots utiles occidentaux qui ont entrepris une mission de propagande pour le compte d’une organisation terroriste, ils ne valent pas mieux que les assassins qui se sont servis d’eux. La charte du Hamas commence par une citation de Hassan al Banna appelant à la destruction d’Israël. Hassan al Banna était un allié d’Hitler, et son mouvement distribuait à ses adeptes des exemplaires en arabe de Mein Kampf. L’organisation d’Al Banna, les Frères musulmans, a joué un rôle essentiel dans la création du Hamas et d’Al-Qaeda. La stratégie du Hamas, comme celle de chacune des autres organisations des Frères musulmans, est d’imposer par la force un État islamique totalitaire. La Flottille de Gaza était une expédition aussi cynique que celle d’un groupe de pro-nazis qui auraient embarqué sur un bateau pour aller ravitailler Berlin en 1944.

Les militants pro-Hamas de la Flottille de Gaza se sont donné le nom de Flottille de la liberté. Un nom tout à fait digne d’Orwell, si l’on sait qu’ils avaient entrepris de soutenir une organisation ayant supprimé le peu de liberté qui pouvait rester à Gaza. Le Hamas a interdit la musique et a mis hors la loi le piano, la flûte et le violon au motif que ces instruments n’étaient pas dans le Coran. Il a interdit la mixité dans les fêtes et les blue-jeans. Il a imposé un couvre-feu lors des rassemblements publics. Il a interdit aux hommes de travailler dans la coiffure féminine et il a interdit les deux-roues à moteur aux femmes. Sa police des mœurs a brutalement assassiné des femmes en décidant que ce qu’elles faisaient était immoral. Le dénominateur commun à toutes ces privations de liberté à Gaza, c’est le Hamas. Et cette flottille anti-liberté était là pour offrir au Hamas la victoire par la propagande.

Israël a envoyé à bord des soldats armés de paintballs et de grenades lacrymogènes, anticipant une résistance symbolique de la part de contestataires gauchistes occidentaux, mais ces Occidentaux servaient de paravent à des fanatiques islamistes turcs.

Les forces israéliennes ont respecté des règles strictes d’intervention, ce qui les a empêchées de se défendre, et la situation a dégénéré au point que des soldats soient gravement blessés, y compris par des tirs d’arme à feu. Ce n’est qu’à ce moment là que les soldats israéliens ont riposté avec de vraies munitions. Toute autre force militaire ou de police l’aurait fait bien plus tôt.

Le régime islamiste turc d’Erdogan, qui a récemment menacé de recommencer le génocide des Arméniens si les Arméniens continuaient à protester, n’a pas perdu de temps pour mettre en scène des rassemblements de protestation et prodiguer des condamnations vertueuses. Cela, par le biais d’une confrontation violente que ses propres hommes ont délibérément organisée, avec précisément le résultat attendu. Après cet emploi hypocrite de deux poids et deux mesures par une communauté internationale qui a donné à Erdogan un blanc-seing pour proférer ouvertement des menaces de nettoyage ethnique, alors même qu’il cherche à rejoindre l’UE, on va entendre maintenant leurs bêlements habituels et leur indignation hypocrite : « massacre », « génocide », « droits de l’homme »...

En réalité, il serait difficile de trouver dans le monde musulman un régime dans lequel l’expression « droits de l’homme » pourrait seulement être employée, si ces mots magiques ne constituaient pas une arme efficace contre ces maudits infidèles. Quand il ne profère pas des menaces de génocide, Erdogan est occupé à faire incarcérer les opposants, à attaquer les synagogues et à imposer une ségrégation religieuse et raciale. Et avec cela, la Turquie reste un des pays les plus libres du monde musulman. Qu’aurait fait l’Iran, qui a mis en prison des routards occidentaux qui avaient eu le tort d’être au mauvais endroit au mauvais moment, face à un bateau rempli de fanatiques essayant de tuer ses soldats ? Que ferait l’Arabie Saoudite, qui n’autorise même pas les Occidentaux à se rendre à La Mecque, sauf quand ils sont là pour mettre fin à un soulèvement d’origine locale ? Ces deux pays financent le Hamas, et voici comment le Hamas traite toute résistance : en jetant les récalcitrants du haut d’un toit.

Un génocide ou des massacres ne méritent même pas un soupir quand ils sont l’œuvre des régimes islamiques, mais quand ces pays arment et financent un groupe islamiste génocidaire qui s’inspire des nazis, les menteurs et leurs relais médiatiques exigent qu’Israël ouvre ses frontières à ses terroristes. Et quand Israël intercepte un bateau effectuant une mission de propagande pour le Hamas, ces mêmes menteurs et ces mêmes relais médiatiques commencent à hurler au « massacre », au « génocide » et aux violations des « droits de l’homme ». Vous voulez savoir ce qu’est un massacre, un génocide ou une violation des droits de l’homme ? Allez donc passer un week-end à Téhéran, essayez d’acheter un ticket d’autobus pour la Mecque, portez-vous candidat aux élections à Ankara ou essayez d’être chrétien à Karachi.

C’est d’un génocide qu’il est question : d’un massacre et d’un nettoyage ethnique des Juifs par les musulmans. C’est une histoire qui remonte à Mahomet, qui avait procédé à un nettoyage ethnique des Juifs sur l’ensemble de la péninsule arabique. Quand les « assassins non violents » qui étaient à bord de la flottille ont scandé « Rappelez-vous Khaibar, Khaibar, Juifs, l’armée de Mahomet reviendra ! », ils faisaient allusion à cette horrible histoire plus que millénaire de l’oppression islamique et du massacre des Juifs de cette région. Les non-musulmans qui étaient à bord ont été les collaborateurs de la dernière phase de ce génocide.

Un assassinat non violent des Juifs, cela n’existe pas. Apporter son soutien au massacre des Juifs ne constitue pas une « mission humanitaire », sauf si l’on a de la mission humanitaire la même conception que Hitler, Hassan alBanna ou le Hamas. C’est bien de notre liberté et d’un génocide qu’il est question. Il s’agit de notre droit d’être à l’abri de ceux qui réalisent leurs rêves fanatiques de massacres en masse, qu’ils soient des peintres autrichiens, des dirigeants du Hamas ou des lauréats irlandais du prix Nobel. L’État d’Israël ne remplira pas la fonction qu’ont toujours remplie les Juifs depuis deux mille ans, celle du bouc émissaire des donneurs de leçons hypocrites. Nous ne nous excuserons pas non plus de refuser de nous faire assassiner.

Enfin, si vous voulez nous tuer, attendez-vous à ce que nous ripostions. Si vous nous combattez avec des mots, nous répondrons avec des mots. Si vous nous combattez avec des couteaux et des armes à feu, nous ferons de même. Nous ne nous laisserons pas assassiner. Nous ne nous laisserons pas jeter à la mer. Nous ne mourrons pas. Il faut que vous vous fassiez une raison.

Well, the chances are against it and the odds are slim
That he’ll live by the rules that the world makes for him
Cause there’s a noose at his neck and a gun at his back
And a license to kill him is given out to every maniac

Neighborhood Bully, Bob Dylan


[ Le sort est contre lui et les chances sont minces
Qu’il vive par les lois que le monde lui réserve
Ayant la corde au cou et une arme en son dos
Et n’importe quel fou a le droit de le tuer ]

Daniel Greenfield est journaliste et administrateur du blog « Sultan Knish ». Israélien de naissance, il vit actuellement à New York.

© 2010 Sultan Knish (Daniel Greenfield)
© 2010 - Marcoroz pour la traduction

Condamner le fanatisme, est-ce être raciste?

Comment j’ai ouvert les yeux sur la barbarie de l’islam


par Phyllis Chesler

Article paru dans The Times of London le 7 mars 2007

J’ai été prisonnière à Kaboul. Je m’étais fiancée avec un musulman afghan qui était charmant, séduisant et occidentalisé et dont j’avais fait la connaissance dans une université américaine. Le purdah auquel j’ai eu droit était relativement chic, mais une existence de femme séquestrée en permanence n’était pas ma tasse de thé – pas plus que l’hostilité des hommes envers les femmes sur la place publique, qu’elles soient voilées en totalité, voilées en partie ou non voilées.

À notre atterrissage à Kaboul, un fonctionnaire de l’aéroport m’avait confisqué en douce mon passeport américain. « Ne t’inquiète pas, ce n’est qu’une formalité », m’avait assuré mon mari. Ce passeport, je ne l’ai jamais revu. Plus tard, j’ai appris qu’on procédait habituellement de cette manière avec les épouses étrangères – probablement pour qu’il leur soit impossible de repartir. Du jour au lendemain, mon mari, un homme avec qui j’avais eu des discussions sur Camus, sur Dostoïevski, sur Tennessee Williams et sur le cinéma italien, est devenu pour moi un étranger. Il s’est mis à me traiter de la même manière que son père et son frère aîné traitaient leurs épouses : avec distance, et avec un soupçon de dédain et de gêne. Pendant les deux années que nous avions déjà vécues ensemble, mon futur mari n’avait jamais mentionné une seule fois le fait que son père puisse avoir trois femmes et vingt-et-un enfants. Il ne m’avait pas non plus avertie que je serais censée vivre comme si j’avais été élevée en Afghanistan, ce qui voulait dire que je devrais passer la plus grande partie de mon temps cloîtrée en compagnie d’autres femmes, ne sortir que sous escorte masculine et passer mes journées à attendre le retour de mon mari, à rendre visite à d’autres femmes de sa famille ou à me faire confectionner de nouveaux vêtements (très chics au demeurant).

En Afghanistan
Aux États-Unis, mon mari était fier de fréquenter une rebelle-née, adepte de la libre-pensée. En Afghanistan, au contraire, à partir du moment où je critiquais le traitement réservé aux femmes et aux pauvres, je faisais de lui un suspect et un homme vulnérable. Il se moquait de mes réactions horrifiées, mais je savais bien ce que je voyais et ce que j’entendais. Je voyais ces pauvres femmes en tchador contraintes de s’asseoir à l’arrière de l’autobus et obligées, au bazar, de céder leur place dans la queue à tous les hommes qui arrivaient.

J’ai été témoin des souffrances et des rivalités entre co-épouses et entre demi-frères qu’entraînent les mariages polygames arrangés et les fiançailles avec des petites filles. J’ai vu à quel point la subordination et la séquestration des femmes engendraient un profond éloignement entre les sexes, avec pour conséquences la violence conjugale, le viol conjugal et une pratique aussi généralisée que niée de l’homosexualité et de la pédérastie chez les hommes, comme cela s’observe dans les prisons. J’ai vu comment les femmes frustrées, négligées et privées d’éducation maltraitaient leurs belles-filles et leurs domestiques, et comment on interdisait aux femmes de prier dans les mosquées et de consulter les médecins qui étaient des hommes (c’était le mari qui décrivait les symptômes, en l’absence de sa femme).

Pris individuellement, les Afghans étaient courtois et charmants ; mais l’Afghanistan, tel que je l’ai connu, était un bastion de l’analphabétisme, de la pauvreté et de la malhonnêteté, où proliféraient des maladies que l’on soigne ailleurs. C’était aussi un État policier, une monarchie féodale et une théocratie, où régnaient la terreur et la paranoïa. L’Afghanistan n’avait jamais été colonisé. Dans ma belle-famille, on disait : « Même les Britanniques n’ont jamais réussi à occuper notre pays. » J’ai donc été obligée d’en arriver à la conclusion que la barbarie afghane était une création locale et qu’il n’était pas possible de la mettre sur le compte de l’impérialisme occidental.

Bien avant l’arrivée des talibans, j’ai appris à ne pas idéaliser les pays du Tiers-monde et à ne pas prendre leurs horribles tyrans pour des libérateurs. J’ai aussi appris que l’apartheid sexuel et religieux dans les pays musulmans était indigène, qu’il n’était pas le résultat d’un quelconque crime occidental – et que de telles « coutumes tribales » pittoresques étaient un mal non pas relatif mais absolu. Bien avant que les hommes d’Al-Qaïda ne décapitent Daniel Pearl au Pakistan et Nicholas Berg en Irak, j’ai compris qu’il était dangereux pour un Occidental, et plus particulièrement pour une femme, de vivre dans un pays musulman. Rétrospectivement, je pense que mon soi-disant féminisme occidental a pris forme dans ce pays d’Orient, si beau et si traître.

Cela n’a pas empêché nombre d’idéologues et d’intellectuels occidentaux, entre autres les féministes, de me diaboliser et de faire de moi une réactionnaire, une raciste et une « islamophobe » parce que j’affirmais que le plus grand apartheid sexuel et religieux du monde était celui de l’islam, et non pas d’Israël, et que si les Occidentaux ne s’opposaient pas moralement, économiquement et militairement à cet apartheid, non seulement nous aurions le sang d’innocents sur nos mains, mais nous ne tarderions pas à subir la charia en Occident. J’ai été conspuée, menacée, boycottée et traitée en indésirable à cause de ces idées hérétiques – et parce que je dénonçais l’épidémie de violence entre musulmans dont, de façon insensée, on rend rituellement responsable ce tout petit pays qu’est Israël.

Femmes en Afghanistan
Mes idées ont cependant été favorablement reçues par les personnes les plus braves et les plus éclairées qui soient. Des personnalités musulmanes laïques de premier plan et des dissidents de l’islam – d’Égypte, du Bangladesh, d’Iran, d’Irak, de Jordanie, du Pakistan, de Syrie, et des exilés venus d’Europe et d’Amérique du Nord – se sont réunis pour participer à une conférence historique en Floride et m’ont invitée à présider la session d’ouverture.

Ibn Warraq, qui présidait la conférence, a déclaré : « Ce qu’il nous faut maintenant, c’est un âge des Lumières dans le monde musulman. Faute d’un examen critique, l’islam restera dogmatique, fanatique et intolérant et continuera de réprimer les droits de la personne humaine, l’individualité, l’originalité et la vérité ». La conférence a donné lieu à une déclaration appelant à ce nouvel âge des « Lumières ». Dans cette déclaration, il a été proclamé que l’ « islamophobie » était une notion fausse, que l’islam était appelé à connaître « un avenir noble en tant que conviction religieuse personnelle et non pas en tant que doctrine politique » et qu’il fallait que l’islam « cesse d’être prisonnier des ambitions d’hommes assoiffés de pouvoir ».

Il est temps que les intellectuels occidentaux qui se prétendent antiracistes et attachés aux droits de la personne humaine rejoignent ces dissidents. Pour cela, il est nécessaire d’adopter un barème universel en matière de droits de l’homme et de renoncer à notre penchant pour ce relativisme multiculturel qui justifie et même idéalise la barbarie islamiste, le terrorisme totalitaire et la persécution des femmes, des minorités religieuses, des homosexuels et des intellectuels. Notre refus abject de trancher entre la civilisation et la barbarie et entre le rationalisme éclairé et le fondamentalisme théocratique est fatal aux victimes de la tyrannie islamique.

Ibn Warraq a écrit un ouvrage caustique, intitulé Defending the West: A Critique of Edward Said’s Orientalism. Les intellectuels occidentaux auront-ils, eux aussi, le courage de défendre l’Occident ?


Phyllis Chesler est professeur émérite en psychologie, en études féminines et en psychothérapie à la City University of New York, expert près les tribunaux et auteur d’une douzaine d’ouvrages dont le best-seller mondial Les Femmes et la folie (Payot, 1975, rééd. 2006) et Le Nouvel antisémitisme (Eska, 2005).

Avec l’aimable autorisation de l’auteur


© 2007 - Phyllis Chesler
© 2008 - Marcoroz pour la traduction